Architecte chez Canal Architecture
Clément VULLIEZ
Chargé de prescription bois chez
Woodenha IndustriesFrançois TROUFFLARD
La Bibliothèque Jeanne Chauvin, conçue par Canal Architecture entre 2010 et 2017, est une pépite architecturale à Malakoff, un « meuble urbain » tel que Patrick Rubin aime le nommer.
Ce projet a permis à Woodenha Industries de montrer son savoir-faire grâce au procédé BIME® appliqué sur une essence précieuse : le padouk. Notre technologie d’ignifugation permet d’améliorer la performance au feu et de préserver l’esthétique des éléments extérieur grâce l’application du saturateur BIME®F1 teinté « padouk » spécialement créé pour ce projet.
Le mariage de l’innovation et de la mise en valeur des matériaux naturels a permis à la bibliothèque de devenir un lieu prisé des étudiants où l’élégance rencontre la fonctionnalité, offrant aux usagers un espace d’étude et de recherche à la fois studieux et accueillant.
7 ans après l’inauguration et 8 ans après la pose du bois, nous revenons sur ce magnifique projet qui fut le premier d’une lignée de projets réalisés en bois par Canal Architecture et le premier en padouk pour Woodenha Industries.
Photo Canal Architecture 2017
Bonjour Clément VULLIEZ, nous sommes en 2010 et vous travaillez sur le concours de la bibliothèque, pourquoi avoir intégré le bois comme matériau principal de cet édifice ?
François T.
Nous avons participé à ce concours avec une forte prise en considération des enjeux environnementaux, une approche qui semble aujourd'hui banale avec l'émergence des labels BBC ou de la démarche HQE, mais qui marquait alors le début de cette tendance. Pour cela, nous avions déjà constitué une équipe de maîtrise d’œuvre comprenant un bureau d'études en environnement impliqué dans l'innovation et l'architecture passive, ELEMENTS Ingénierie. Le choix du bois s'est rapidement imposé afin de réduire l'empreinte carbone du projet.
Nous avons également réfléchi à une solution de ventilation naturelle, éliminant ainsi le recours à la climatisation. Le béton a été utilisé pour les planchers du rez-de-chaussée et du premier étage, tandis que l'enveloppe du bâtiment a été entièrement réalisée en bois, avec différentes essences. Le béton a été privilégié pour ses propriétés thermiques, en exploitant son inertie pour réguler la température et redistribuer la fraîcheur grâce à la sur-ventilation nocturne contrôlée automatiquement par la GTB (Gestion Technique du Bâtiment). Les projets les plus réussis sont ceux qui savent tirer parti des qualités de chaque matériau.
L'envie d'explorer de nouvelles méthodes constructives en utilisant le bois était présente depuis un certain temps dans notre agence. Nous avions essayé de proposer cette alternative pour un projet de logement à Bordeaux, mais cela n’avait pas abouti. La réponse que nous avons élaborée sur ce projet de BU à Malakoff a emporté l'adhésion du jury lors de ce concours public. En effet notre approche environnementale et notre sensibilité à la meilleure insertion du bâtiment dans son contexte urbain, notamment la transition entre logement de ville et université étaient en très bonne adéquation avec les exigences du programme.Clément V.
Comment se sont passées les études préliminaires pour l’appel d’offre pour le projet de la Bibliothèque Jeanne Chauvin ?
François T.
Après la phase du concours, le projet a été affiné en détail lors des études ultérieures. Les sujet de la définition exacte de l'essence et de la constitution du bardage ont été approfondi avec la nécessité d'atteindre une classe de réaction au feu Euroclasse C-s3,d0, nous avons alors entamé des discussions avec Woodenha Industries.
Clément V.
Connaissiez-vous les contraintes « incendie » et qu’avez-vous fait pour y répondre ?
François T.
Nous désirions prolonger la continuité de la paroi du rez-de-chaussée jusqu'à l'étage sans interruption, même si cela impliquait de ne pas respecter la règle du « C+D » en matière de propagation du feu sur les façades. Nous devions réglementairement compenser cette exigence en optant pour une façade avec une réaction au feu améliorée, atteignant un classement à minima C-s3,d0. Nous avions connaissance de l'existence de cette performance pour des façades en mélèze, et nous souhaitions déterminer si une solution similaire était envisageable avec le padouk.
Clément V.
À quel moment du projet avez-vous contacté Woodenha Industries ?
François T.
Nous avons pris contact avec vous lors de la phase PRO, dans le but d'obtenir une description précise du traitement à préconiser dans un premier temps. Nous avons été dirigés vers Woodenha par l'intermédiaire de CID, un importateur de bois exotique, qui possédait le padouk avec une certification FSC à son portefeuille.
Après avoir constaté l'absence de tests réalisés avec le padouk, nous avons ajouté une clause dans le CCTP stipulant que l'entreprise était tenue, en phase de préparation, d'effectuer les essais de réaction au feu pour ce matériau.Clément V.
Comment se sont passés les échanges avec notre société et votre agence durant tout le projet ?
François T.
Ce qui m'a vraiment plu chez Woodenha, c'est leur engagement en tant qu'acteur industriel. Non seulement ils ont réalisé les essais dans le respect des délais du chantier, mais ils se sont également montrés dès l'origine très intéressés à explorer de nouvelles voies dans la recherche. Cela dénote un véritable esprit d'aventure et de curiosité qui se marie bien avec la démarche de CANAL.
Clément V.
Comment est arrivé le choix du padouk ?
François T.
Dès la phase de conception du concours, le choix du bois s'est imposé, avec une teinte rouge foncé whisky, afin d'harmoniser le projet avec le bâtiment historique du campus, l’ancienne Ecole supérieure d’électricité (SUPELEC) construite en 1927 dans un style art déco, construit en brique rouge. Cette cohérence à obtenir avec l’architecture du site était essentielle pour CANAL.
Plusieurs éléments ont influencé cette décision d'utiliser le padouk. D'une part, il y avait l'aspect esthétique de la teinte, permettant l’harmonisation avec l’ancienne SUPELEC, mais surtout, nous avions l'expérience et l'habitude de prescrire depuis plusieurs années le padouk pour l'aménagement intérieur chez Canal Architecture. Sur ce projet, Patrick Rubin a eu l'intuition qu'utiliser le padouk en extérieur pouvait permettre d’atteindre une grande stabilité du parement dans le temps.
Pour répondre aux exigences du classement C-s3,d0, nous avons collaboré avec Woodenha pour ajouter une touche spéciale, "la potion magique" comme nous l'appelons, à savoir le procédé BIME® avec un saturateur BIME®F1 teinté rouge padouk de manière prononcée. C'est pourquoi aujourd'hui, le vieillissement du bois est contrôlé et son aspect est durable.Clément V.
Photo Woodenha 2022
Comment s’est déroulé la collaboration entre l’entreprise, votre agence et notre société ?
François T.
Les entreprises ont répondu à l'appel d'offres en se fondant sur la description fournie dans le CCTP. Un moment crucial a été celui des tests, car ils étaient essentiels pour convaincre le bureau de contrôle, en l'occurrence Socotec, que le parement de façade répondait aux exigences de réaction au feu.
L'entreprise adjudicatrice pour l’enveloppe bois :LB Belliard a véritablement joué le jeu, sans être intimidée par l'utilisation du bois de padouk, de votre technologie et de la nécessité de prouver la performance au feu.
Ce premier chantier en bois a été une expérience fantastique, notamment de voir se monter progressivement le grand mécano de bois et se marier progressivement les différentes essences du projet. La construction en bois : c’est vraiment rapide, précis et propre.Clément V.
Mot de Jean Baptiste Aurel, gérant de Woodenha Industries qui a suivi l’entièreté du projet en 2017 :
Fondateur de Woodenha Industries
Jean-Baptiste AUREL
Le développement et l’innovation qui nous font vibrer depuis près de 20 ans tout d’abord. Ils sont au service de l’amélioration de la performance du bois et de l’imagination architecturale.
L’amélioration de la réaction au feu des matériaux biosourcés résident dans une combinaison entre la conception de la construction et leur modification au travers de processus engageant la chimie. Souvent décriée elle est une source de solutions créatives, toujours engagées dans une voie la plus responsable possible. L’utilisation durable des ressources des forêts endémiques et exotiques. Associées, elles réunissent à la fois des qualités de durabilité biologique, de résistance mécanique, d’esthétique et de développement de zones économiques locales.
- Maître d'ouvrage : Région Ile-de-France - Mandataire : Citallios - Maître d'Œuvre : Canal Architecture - Bureaux d'étude : BET Mizrahi, ELEMENTS ingénierie et ITAC acoustique - Bureau de contrôle : Socotec - Entreprise Enveloppe Bois : LB Belliard
Photos : Canal Architecture et Woodenha
Qui sommes-nous ?
Leader de la protection passive contre l’incendie, Woodenha Industries est spécialiste de l’amélioration de la performance au feu du bois et de ses dérivés.
Nous mettons à la disposition des industriels et des organisations qui le désirent ses connaissances, ses compétences et son savoir-faire dans le domaine de la réaction au feu du bois.
Et ce pour la mise au point de systèmes d’ignifugation, ainsi que dans le domaine du séchage du bois, de la teinte dans la masse ou encore la densification.
Cela concerne aussi la réaction au feu (maîtrise de l’ignition & de la propagation de l’incendie) que la résistance au feu (capacité à conserver ses propriétés physiques pendant l’incendie).
Notre équipe se tient à votre disposition pour vous apporter conseil et expertise.
Contactez nous par mail ou par téléphone au 02 40 56 71 75 !
Photos : ©Woodenha