L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris survenu le 15 avril 2019 a ravivé les débats concernant l’utilisation du bois en structure et en parement des bâtiments, qu’ils soient de moyenne hauteur (IMH) ou de grande hauteur (IGH). C’est bien la sécurité passive contre l’incendie des bâtiments, quels qu’ils soient, qui revient au centre des discussions.
La cathédrale parisienne a été attaquée par un départ de feu au niveau de la charpente de sa flèche, et naturellement le bois de chêne millénaire qui la constituait est pointé du doigt. Cependant, force est de constater que cette charpente en bois vieille de 850 ans a bien rempli son rôle structurel sous contrainte de l’incendie.
« Malgré une propagation spectaculaire liée au vent et à l’appel d’air que génèrent des incendies de ce type lorsqu’ils ne sont pas circonscrits rapidement, la charpente de la cathédrale a rempli sa fonction de stabilité au feu, puisque les premiers effondrements de charpente ont eu lieu plus d’une heure après la détection de l’incendie. Ce délai a permis d’évacuer et de sécuriser l’ensemble du public, ce qui est l’objectif premier en sécurité incendie », souligne le Directeur du bureau d’études ECSB Gaëtan Genès.
Jean-Baptiste Aurel, Expert Bois et fondateur de Woodenha, rajoute également: « La robustesse et les sections de la charpente ont certainement permis une intégrité de l’ensemble plus longue durant le sinistre et un résultat post-sinistre assez impressionnant; la masse de bois qui s’est finalement écroulée a été considérablement allégée aussi par la combustion. C’est une tout autre histoire en cas de feu dans des bâtiments où la charpente est incombustible et dont les effondrements déplacent des masses considérables. »
Ces éléments nous rappellent que le bois fait partie des matériaux de construction possédant une excellente résistance au feu naturelle, qui peut dans certains cas être encore améliorée grâce à des vernis intumescents spécifiques. Quid alors de la réaction au feu (capacité d’un matériau à s’enflammer et propager un incendie) du bois, et des matériaux de construction en général?
Promulguée fin 2018, la loi Elan a pour objectif de renforcer la sécurité incendie dans les IMH et IGH. Il s’agit en particulier de mesurer et réglementer plus en profondeur les effets sur la propagation du feu des systèmes d’isolation thermiques par l’extérieur (ITE) et des systèmes constructifs de façades. L’ITE est un piège à calories, et confinent celles ci à l’intérieur du bâtiment en cas d’incendie. Lors d’un entretien pour Batiactu, le ministère de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales précise que l’idée n’est pas d’exclure un matériau en particulier, mais plutôt tous les matériaux susceptibles d’engendrer une propagation rapide et incontrôlable du feu. Tant pour les systèmes d’ITE que de parements de façades, les pouvoirs publics ne fermeront aucune porte aux systèmes constructifs tant que la preuve de la bonne performance au feu sera apportée.